Aujourd’hui 27 mai 2020, Journée nationale de la Résistance, nous ne pourrons pas apporter notre contribution à la commémoration de cette page de notre histoire qui contribua pour une part importante à la victoire contre le fascisme et à la construction de notre modèle social.
Mais nous nous souviendrons de ces hommes et ces femmes de convictions politiques et religieuses, de conditions sociales et culturelles si diverses qui, malgré les dangers et les difficultés, ont su agir dès 1940 et ont su, le 27 mai 1943, entamer un processus d’union avec un double objectif : être plus fort dans la bataille pour la libération de la France et préparer la France « d’après » , celles « des Jours heureux » puisque c’est ainsi qu’a été baptisé le programme du Conseil National de la Résistance publié le 15 mars 1944 !
Jean Moulin, plus jeune sous-préfet de France en 1925 à Albertville, est, après différents postes, préfet d’Eure-et-Loir en janvier 1939 et donc au début de la guerre. Entre temps il a été chef de cabinet de Pierre Cot quand celui-ci occupe plusieurs postes au gouvernement de 1932 à 1934 puis entre 1936 et 1938. C’est dans ce contexte qu’il nouera des liens d’amitiés avec des hommes qui seront bien vite des Résistants. En mai -juin 1940, il demande à être mobilisé mais cela lui sera refusé. En poste comme préfet, il va diriger les secours aux réfugiés et aux soldats blessés qui ont été évacués. C’est à Chartres, au cours de la nuit du 14 au 15 juin 1940, qu’avec son ami Frédéric-Henri Manhès (qui a participé au dernier cabinet de Pierre Cot) ils décident « de ne jamais abandonner le combat, quel que fut l’aboutissement de la poussée hitlérienne« . Dès le 17 juin, confronté aux exigences allemandes, Jean Moulin refuse de collaborer ; et jusqu’en novembre 1940, date où il est révoqué, il assure le ravitaillement et tente de s’opposer aux exactions des troupes d’occupation. Le 1er décembre il passe la ligne de démarcation ; il devient Joseph Mercier et va rencontrer tous les groupes de Résistance formés en zone non occupée. Le 9 septembre 1941 Jean Moulin arrive à Londres où il va rencontrer le général de Gaulle. Il revient en France, parachuté dans les Alpilles dans la nuit du 1er au 2 janvier 1942, sous le pseudo Rex, comme représentant personnel du général de Gaulle et délégué général du Comité National Français en Zone sud. Il s’installe à Lyon d’où il multiplie les rencontres avec les différents mouvements de la Résistance. Mi-juillet 1942, Daniel Cordier va le rejoindre depuis Londres. Du 13 février au 23 mars 1943, les difficultés rencontrées pour unir les composantes de la Résistance ramènent Jean Moulin à Londres. A son retour, il s’appelle maintenant Max, il est Compagnon de la Libération, membre du Comité National Français (avec rang de ministre) et seul représentant du général de Gaulle en France.
Le 30 mars il arrive à Paris : obtenant l’accord de 5 mouvements de la Zone nord, Ceux de la Libération, Front national, Libération-Nord, Ceux de la Résistance, Organisation Civile et Militaire, de 3 mouvements de la Zone sud, Libération-Sud, Franc-Tireur, Combat, de 6 partis politiques, Parti Radical, Fédération Républicaine, Parti Communiste, Partie Socialiste, Alliance Démocratique, Démocrates populaires, et de 2 syndicats, CGT, CFTC, il va les réunir le 27 mai et tous vont signer une motion qui pose les principes du Conseil National de la Résistance et prévoit le nouveau gouvernement de la France dirigé par le général de Gaulle qui « fut l’âme de la Résistance » et a préparé la « Renaissance de la Patrie détruite et les libertés républicaines déchirées ».
On sait la fin tragique de cette épopée au service de la Liberté : l’arrestation à Caluire le 21 juin 1943, la déportation en Allemagne et la mort de Jean Moulin en gare de Metz le 8 juillet des suites des tortures endurées sans avoir parlé. Il avait 44 ans.
Son ami et compagnon de Résistance Frédéric-Henri Manhès avait été arrêté le 3 mars 1943, torturé, condamné à mort le 3 novembre 1943, puis finalement déporté à Buchenwald le 22 janvier 1944 ; il fera partie des dirigeants de la Résistance intérieure du camp. Revenu en 1945, il meurt en 1959.

L’ANACR-Oise dispose d’une exposition réalisée par l’association Valmy sur ce programme du Conseil national de la Résistance qu’elle prête régulièrement aux collèges, lycées ou municipalités que le demandent. Les objectifs, l’idéal qui ont présidé à l’élaboration puis la mise en place du programme du CNR à partir de 1945, sont exposés dans 15 panneaux :
- L’importance du PROGRAMME DU CNR
- Rappel de la création du CNR
- 1-Assurer l’établissement de la démocratie la plus large en rendant la parole au peuple français par le rétablissement du suffrage universel
- 2-Pleine liberté de pensée, de conscience et d’expression
- 3-Respect de la personne humaine et égalité absolue de tous les citoyens devant la loi
- 4-Liberté de la presse, son honneur et son indépendance à l’égard de l’État, des puissances d’argent et des influences étrangères
- 5-Tout homme persécuté a droit d’asile sur les territoires de la République
- 6-Instauration d’une véritable démocratie économique et sociale
- 7-Tout enfant a droit à l’instruction et l’éducation dans le respect de la liberté
- 8-Le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi
- 9-Reconstitution dans ses libertés traditionnelles d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale
- 10-Droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise à la participation des travailleurs à la direction de l’économie
- 11-Plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se les procurer par le travail, avec gestion des représentants des intéressés et de l’État
- 12-Complémentaires à ces sujets, d’autres étaient évoqués par LE « PROGRAMME DU CNR »
N’HESITEZ PAS, dès que la vie sera de nouveau « normale », À NOUS LA DEMANDER!
Et à nous demander la revue publiée par l’ANACR-Nationale dont cet article s’inspire largement ! Elle présente aussi les différentes composantes du CNR et les hommes (pas de femmes…) qui ont été membres du CNR ainsi que son programme.