
Les travaux du Congrès ont défini des axes de travail et de réflexion pour l’ANACR nationale et pour toutes les ANACR départementales. Nous avons mis en ligne dans l’article précédent, la résolution finale, la motion contre la fermeture du musée de la Résistance de Romans-sur-Isère et les conclusions de la commission « Mémoire » qui affirme la nécessité :

Au cours des trois jours de travaux, les congressistes ont pu aussi découvrir « le chemin des martyrs » qui commémore les 21 otages qui ont été fusillés entre 1941 et 1942 à Clairvaux ; l’abbaye de Clairvaux qui a été transformée en prison par Napoléon a aussi été utilisée par les Allemands.


Les délégués de l’Oise ont pu rencontrer Jean Lafaurie qui a évoqué avec Hélène Boulanger-Fabre la prison d’Heysses où Vichy emprisonnera tous les prisonniers politiques

L’homme couché symbolise la Déportation ; l’homme debout, sans tête et poings serrés, évoque la Résistance multiple et décidée…


Monsieur Jean LAFAURIE a participé aux différentes protestations et manifestations organisées à la centrale d’Eysses, notamment celles concernant les Internés Administratifs « Les trois Glorieuses et l’évasion des 54 » en décembre 1943. (Livre « Centrale d’Eysses Douze fusillés pour la République » Récits historiques et témoignages, de Corinne Jaladieu et Michel Lautissier).
Dans cette prison bien gardée, 200 internés jugés particulièrement dangereux, dénommés « irréductibles 1 et 2 », sont destinés à être envoyés à Voves dans l’Eure-et-Loir, pour servir d’otages aux Allemands. Ils se rebelleront et refuseront de partir pour Voves. Ils seront finalement scindés en deux groupes l’un sera envoyé à la Citadelle de Sisteron et l’autre à Nexon. Dans le convoi pour la Citadelle de Sisteron se trouvait Monsieur Raymond Fabre, le futur mari de Lucienne Fabre Sébart. Hélène, fille de Raymond et de Lucienne Fabre, a été émue de rencontrer monsieur Lafaurie au congrès à Troyes : il a été aux côtés des internés administratifs au cours des luttes en décembre 1943. Ils ont pu échanger sur cette prison réservée à ces Internés et aux Résistants arrivés de toute la France.

Le Centre de détention d’Eysses est installé dans un des plus vieux quartiers de Villeneuve-sur-Lot : l’ancienne abbaye bénédictine, qu’il occupe en partie est en effet elle-même construite sur les ruines d’une ville gallo-romaine : EXCISUM (érigée probablement en 58 avant J.C). Cette abbaye vendue comme bien national à la Révolution, devint en 1803 l’une des premières maisons de réclusion ouverte en France. Elle accueillit les condamnés à de longues peines jusqu’en 1895. Le 2 juin 1895 elle fut transformée en colonie correctionnelle destinée aux mineurs délinquants. Le décret du 31 décembre 1927, par volonté de gommer le plus possible le caractère pénal de cet établissement, transforma le nom en celui de maison d’éducation surveillée. Eysses continua d’accueillir des pupilles jusqu’en septembre 1940, date à laquelle l’établissement reçut des détenus politiques, avant de devenir en 1943 un lieu de répression stratégique : la plus vaste concentration de prisonniers politiques (résistants) de toute la France. Après avoir accueilli des collaborateurs en 1945 dans le cadre de l’épuration et connu les révoltes carcérales de 1974, elle reste aujourd’hui un centre de détention. Une circulaire du 26 octobre 1943 signée René Bousquet (secrétaire général de la police), décide le transfert à la maison centrale d’Eysses, réputée bien gardée dans un environnement rural réputé tranquille, de toutes les personnes condamnées par les sections spéciales de zone sud (les tribunaux d’exception du régime de Pétain) et par le tribunal d’Etat de Lyon, pour menées communistes, terroristes, anarchistes ou subversives. En décembre 1943, plusieurs convois arrivent de Paris et du nord, parmi lesquels cent prisonniers transférés de la Santé le 12 février 1944. 1400 résistants sont emprisonnés à la centrale d’Eysses au début 1944. (sur http://www.eysses.fr)