Le carnaval des possibles est un moment festif, de partage, d’échanges, de rencontres, de découvertes pour produire et consommer autrement ensemble. Face à l’urgence climatique et sociale, l’idée est de montrer que d’autres alternatives dites « de transition » sont possibles.
Cette année encore et ce dimanche, le Carnaval des possibles a permis de rassembler près de 2000 personnes à la Base de Loisirs de Saint Leu d’Esserent.
L’ANACR-Oise y tenait son stand, avec une exposition consacrée au Conseil National de la Résistance et son programme « Les jours heureux ». Les avancées sociales inédites et fortes du programme du CNR prenaient toute leur place dans les objectifs de cette manifestation. Mais aussi la question de la Paix, le refus des guerres et des conflits, si destructrices de notre environnement. Les Résistants et Résistantes, leurs sacrifices et leurs combats n’étaient-ils pas aussi des écologistes ?
Venez profiter du programme très riche qui vous est proposé pour ce dimanche ! Et venez nous rencontrer sur notre stand, dans le « Village Solidarités » ! est
Voici un peu tardivement un retour sur des évènements auxquels l’ANACR-Oise a participé :
Tout d’abord quelques photos des cérémonies tenues à l’occasion de l’anniversaire de la Libération de Montataire le 29 août et de la Libération de Saint-Leu d’Esserent le 31 août ; Alain Blanchard y a représenté l’ANACR-Oie et a déposé à chaque fois des fleurs devant chaque monument aux morts
à Montataire
à Saint-Leu d’Esserent
Les amis de Maurice Delaigue ont mis sur le blog Coye29.com deux hommages (de Jacqueline Chevallier et Marie-Louise Barnier) et beaucoup de photos ; le dernier livre de Maurice Delaigue La Norine, écrit pendant le confinement est paru et il a pu le tenir en main. On peut l’obtenir sur internet.
Enfin voici le texte lu par Véronique Decayeux, au nom de l’ANACR-Oise, le 4 septembre dernier au cours de la cérémonie d’hommage à Paul Morel qui s’est déroulée à Clermont :
» Bonjour à toutes et à tous.
Je vais vous dire un petit mot au nom de l’ANACR (Association Nationale des Anciens Combattants et Amis de la Résistance), message qui reprend en bonne partie celui que j’avais écrit en hommage lors du décès de Paul.
Paul Morel avait la carte et la Croix du Combattant volontaire de la Résistance, l’insigne FFI n°1356 et était membre de la Royal Air Force Escaping Society. Il était également Président d’honneur de l’ANACR Oise. Sa modestie aurait souffert de ce que je souligne ici.
Nous n’oublierons pas Paul Morel.
C’est un personnage chaleureux, d’une grande gentillesse, d’une extrême discrétion et combattant de la Mémoire qui nous a quittés le 6 janvier 2021. Il avait dit à Patricia Susset, membre de l’ANACR : « j’irai jusqu’à mes 100 ans » : pari tenu. Il avait beaucoup d’humour : Paul était né le 25 août 1919 à 18h30, l’heure de l’apéro et comme il l’avait écrit dans « Les pages de la Résistance » (n° 8 de décembre 2007), il était « un pur produit de l’Armistice du 11 novembre 1918 ».
Comme beaucoup de familles françaises, la sienne avait été très éprouvée lors de la « Grande guerre ». Ses convictions patriotiques l’amenèrent à s’engager au début de 1940 pour « faire son devoir ».
Paul Morel écrit « dès les premiers jours (après sa démobilisation), j’ai du mal à supporter cette chape de plomb, l’occupation nazie qui nous écrase ; je veux REAGIR, on ne disait pas encore résister ».
Les parents de Paul tenaient un café-épicerie dans le hameau de Giencourt, commune de Breuil-Le-Vert : ils étaient Résistants, d’ailleurs une des dernières sorties de Paul fut lors de l’inauguration d’une rue au nom d’Alice Florençon épouse Morel, sa mère. Celle-ci, engagée dans la Résistance, cachait des aviateurs alliés tombés dans le secteur. Une des tantes de Paul, Madame Florençon, sa cousine Renée (agent de liaison) résistaient également.
Je ne vais pas paraphraser son témoignage paru dans la plaquette citée plus haut. Je vais simplement, en utilisant quelques passages de ses écrits, reprendre l’attestation que Georges Jauneau a établie pour Paul lorsque celui-ci a demandé une Carte de Combattant Volontaire de la Résistance bien méritée et obtenue.
Georges Jauneau était un des dirigeants du Front National, Chef du détachement FTP Jacques Bonhomme et il dit :
« Fin de l’année 1941, Monsieur Morel est l’artisan d’une audacieuse récupération d’armes sur un soldat allemand, puis d’un transport d’armes effectué par lui et un de ses camarades, Monsieur Couanon et dont le bénéficiaire fut Monsieur Oudin, responsable du Mouvement Front National- FTPF pour le secteur de Clermont. Paul Morel est incorporé dans le groupe Oudin. Il se voit confier des missions de liaisons, de renseignements et de distributions de matériel de propagande anti-allemand. En 1942-1943 il procède au sabotage du transformateur haute-tension de l’entreprise Leclerc et Bessières de Clermont (où il travaille), réquisitionnée par les allemands et dont la production de baraques en bois est complètement interrompue pour plusieurs jours…
Requis pour le STO pour l’organisation TODT à Soissons, il s’évade et rentre reprendre ses activités. Il confectionne un très grand nombre de faux certificats de travail et de fausses cartes de travailleurs de force destinés aux réfractaires du secteur et remis à Monsieur Oudin.
Vers la fin de l’année 1943, deux parachutistes américains lui sont confiés par Mme Florençon de Rémerangles (sa tante). Il les héberge jusqu’à leur récupération par le réseau chargé de leur rapatriement. Paul les prend en charge et les héberge, notamment le lieutenant Stevens abattu à Pronleroy et le sergent Robinson abattu à Laversines.
Cependant, le chef du secteur, Monsieur Oudin ayant été arrêté par la Gestapo et le groupe momentanément dispersé, Monsieur Morel poursuit ses opérations de sabotages dans l’entreprise Leclerc et Bessières »…
Paul Morel selon ses souvenirs, est remis en contact avec la Résistance par l’intermédiaire d’un certain Meuric. Il intègre en fait (il le saura plus tard) l’OCM (chef G. Fleury) et fut répertorié au groupe Fémur dont le chef était Jean Farnault.
Dans le même temps, avec le concours de Mme Florençon, il récupère et héberge plusieurs parachutistes alliés. Là intervient un épisode qu’il m’a raconté et dont il s’est souvenu toute sa vie. Alors qu’il « ramenait » 2 aviateurs, un américain et un australien chez ses parents pour les cacher, le groupe voit au bout de la rue un barrage d’uniformes armés jusqu’aux dents. Impossible de faire demi- tour, le trio passe tranquillement entre 2 sentinelles qui les ignorent totalement. Les allemands devaient arrêter une voiture donc 3 cyclistes ne les intéressaient pas… Paul arrive trempé de la tête aux pieds, vidé de toute énergie…
Il eut la joie de revoir certains aviateurs et fut médaillé pour sa bravoure.
Paul participe à la libération de Clermont. Puis 2 jours plus tard il gagne Paris et se rengage dans l’armée de l’air et cela se termine le 8 mai 1945, sur la base de Saint-Dizier.
Voici pour son parcours de Résistant. Un beau palmarès.
Ce garçon courageux et tenace reprit des cours du soir et fit une belle carrière d’ingénieur. Il avait épousé Gisèle Le Meur en 1941 et eut trois enfants.
Ses mandats de conseiller municipal et maire d’Airion durèrent plus de 40 ans. Ça c’est de l’implication au service d’une population ! D’ailleurs, il a été fait chevalier de la légion d’Honneur en 2005 pour toutes ses actions menées au service de la vie locale, de l’association des donneurs de sang, de délégué départemental de l’Education nationale, porte drapeau, etc. Un véritable exemple et tout cela avec une grande humilité.
J’ai, pour ma part, connu Paul il y a plus de 25 ans par le biais du Concours National de la Résistance et de la Déportation, mais il était là dès le début de l’organisation de ce concours dans l’Oise. Il a pendant de très nombreuses années honoré et défendu ses camarades dans les associations comme l’ANACR et l’Association Oise pour le Concours de la Résistance et de la Déportation. Toujours présent dans ces deux structures jusqu’à ce que ses forces déclinantes l’en empêchent. Inlassable conteur de ses combats et de ceux de ses camarades, témoignant auprès des élèves de collèges et lycées préparant le concours, participant à la correction de leurs travaux. Que de bons moments passés ensemble. Quel exemple !
Voici le texte de l’intervention de Madame Sandrine BOULAZ-DRETZ, maire d’Airion, où vivait Paul Morel et où il fut longtemps conseiller municipal, puis maire et toujours porteur de la mémoire de la Résistance :
M. Paul MOREL est né le 25 août 1919 à Fitz-James, à deux pas d’Airion.
Il a grandi pendant l’après-Première Guerre, la crise de 1929 puis l’entrée de la France dans le conflit. Très vite, tout comme sa maman, il a pris les armes pour faire face à la barbarie et est entré en résistance.
Bien d’autres ici en parleront mieux que moi mais on ne peut pas comprendre Paul MOREL sans savoir qu’il avait 20 ans en 1939 et que cette époque a ensuite marqué sa vie d’homme, de père, d’élu.
Déjà imprégné de valeurs fortes comme la solidarité, la liberté, l’égalité, le patriotisme puisque sa mère elle-même a été résistante, puis élue – conseillère municipale de 1945 à 1959 à Breuil-le-Vert.
Paul MOREL est d’abord connu par les habitants d’aujourd’hui car il a effectué plus de 40 ans de mandat
– élection du 26 avril 1953,
– élection du 21 mars 1959,
– élection du 27 mars 1965,
– élection du 27 mars 1971,
– élection du 25 mars 1977,
– élection du 19 mars 1983 à la suite de laquelle il effectue son unique mandat de Maire,
– élection du 24 mars 1989 puis Maire Honoraire d’Airion depuis cette date.
Il est également membre du CCAS jusqu’en 2014 (95 ans).
Il s’investit particulièrement dans le devoir de mémoire – travail sur les Morts pour la France du village et mise en valeur des tombes, plantation d’un sapin aujourd’hui devenu grand dans le cimetière, l’écriture d’un livre mais aussi un recueil de toutes les délibérations du conseil municipal pendant ses années de mandat, recueil qu’il m’a remis en 1993 quand j’ai commencé à découvrir les charmes d’Airion puis à m’y établir en 1997.
Il ne se passait pas un jour sans que je ne croise Paul MOREL en vélo, puis à pied avec toujours le sourire, un mot gentil. Discret mais toujours présent, connaissant tout le monde sans jamais faire de l’ingérence chez chacun, une personne, que dis-je une famille bienveillante, dévouée aux autres puisque sa femme Gisèle, « infirmière », était tout aussi investie que lui pour faire le bien autour d’elle (soins, vaccin, etc.).
Quand on sait que le vélo lui a sauvé la vie, ainsi qu’à deux aviateurs, un américain et un australien, puisque les Allemands cherchaient une voiture avec trois personnes, je ne regrette pas le maigre cadeau qu’il a reçu pour son centième anniversaire, un vélo en métal que lui a remis Eric PRIEM, fils de Jacques PRIEM qui a œuvré au conseil municipal avec la même ardeur que Paul MOREL.
Il nous reste aujourd’hui de nombreuses traces des actions de Paul MOREL : l’arbre de la paix planté sous la pluie avec les élèves et l’ATSEM, les multiples documents remis par ses enfants et qui permettent de retracer l’histoire récente du village, la plaque apposée en mémoire du SCH Paul Courroy, la liste des tombes des jeunes Morts pour la France, sa maison de briques rouges à l’entrée du village avec ses volets blancs et la fenêtre du RDC toujours ouverte pour échanger un mot, les valeurs qu’il a laissées au fil des conseils municipaux et qui s’expriment toujours aujourd’hui puisque j’ai fait le choix, en accord bien sûr avec les membres du conseil municipal, d’exposer dans la mairie les pièces de l’avion abattu à Airion en septembre 1943 et le petit ouvrage écrit par M. LEQUIEN, les photos anciennes d’Airion et de préparer une balade intergénérationnelle le 2 avril 2022 dans un esprit de transmission entre les anciens et la relève.
J’ai fait un test l’année dernière et j’ai demandé aux enfants de dessiner ce qui les marquaient le plus à Airion. 80 % des enfants m’ont dessiné un âne pendu au clocher de l’église Sainte Anne, illustration et légende rappelée dans le recueil des délibérations dont j’ai parlé tout à l’heure et écrit par Paul MOREL.
D’autres comme lui travaillent à ce devoir de mémoire comme Bernard Boullier qui immortalise les moments de vie importants de la collectivité et que je remercie pour les photos mais aussi M. Gras ou M. Mesquita qui font de nombreuses recherches sur le village. M. GRAS a d’ailleurs travaillé de nombreuses heures avec Paul MOREL à ce travail d’écriture.
En conclusion, Paul MOREL, comme il l’était dans la vie, a laissé des traces discrètes mais nombreuses et durables dans le village. Il nous appartient aujourd’hui de poursuivre ce devoir de mémoire dans un monde où les témoins d’une époque barbare se font de plus en plus rares mais qu’il ne faut pas oublier.
Je remercie ses enfants de m’avoir sollicitée pour cette cérémonie et reste à leur disposition pour quoi que ce soit.
Toutefois, deux requêtes de la part des Airionnais :
est-il possible de se remémorer ensemble Paul MOREL à Airion ?
est-il possible de faire reproduire son ouvrage « J’avais 20 ans en 1939 » afin de l’offrir aux élèves qui quittent le primaire pour se diriger vers le collège ?
Nous publions ci-dessous le message reçu fin août qui appelle à la défense du Musée de la Résistance et de la Déportation de Romans-sur-Isère et nous vous appelons à signer et à faire signer la pétition lancée par les responsable du musée.
Le lien est en fin de cet appel, que voici :
» Lors de sa réunion du 18 août dernier, le comité local de l’ANACR Meillard-Le Montet (Allier) a décidé de proposer à l’ensemble de ses adhérents de manifester leur soutien au Comité de défense du Musée de la Résistance et de la Déportation de Romans sur Isère en signant la pétition demandant sa réouverture.
C’était un musée.
A l’origine des faits, la municipalité de la ville de Romans sur Isère a décidé de fermer le Musée de la Résistance et de la Déportation (le site Internet du Musée a aussi été fermé) et de transférer son contenu aux archives municipales. Il est aussi évoqué la « numérisation » du fonds et la constitution d’exposition itinérante…
Ce musée avait été créé en 1972 par trois associations (l’Association nationale des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance ANACR, la Fédération nationale des déportés et internés, résistants et patriotes FNDIRP et les Pionniers du Vercors) avec une convention signée par la municipalité d’alors qui stipulait que « les fonds du musée sont la propriété intellectuelle des résistants, des déportés et de leurs descendants, et ne peuvent subir de modification sans accord préalable du conseil scientifique. ».
C’était un musée, DE LA RESISTANCE & DE LA DEPORTATION.
C’était un musée que la municipalité de Romans sur Isère a décidé de fermer en renvoyant son fonds aux archives municipales…
D’un passé, faisons table rase… Archives et musée se nourrissent du passé dans leurs racines communes ; les unes aux fins de sa conservation et l’autre avec l’ambition du partage, de l’enseignement des nouvelles génération… Dans le cas de figure, ce n’est pas le musée qu’on déménage, mais la mémoire de la Résistance qu’on écarte de la place publique.
« Un musée est une institution permanente sans but lucratif au service de la société et de son développement, ouverte au public, qui acquiert, conserve, étudie, expose et transmet le patrimoine matériel et immatériel de l’humanité et de son environnement à des fins d’études, d’éducation et de délectation. »
C’est la définition donnée par Le Conseil international des musées (ICOM), une organisation fondée en 1946 en lien avec l’ONU et l’UNESCO.
Cette définition ne suffirait-elle pas à mettre le patrimoine mémoriel de la Résistance à l’abri des volontés d’élus autrement que dans une démarche de promotion et de soutien à son développement.
L’argumentaire de la municipalité laisse pantois :
« La Seconde Guerre mondiale est terminée depuis plus de soixante-quinze ans. Les acteurs de ce douloureux conflit ont aujourd’hui disparu ou sont très âgés […]. Grâce à l’évolution extraordinaire de la technologie depuis vingt ans […], les élèves de 2021 ont maintenant à leur disposition des milliers de documents audiovisuels qu’ils peuvent exploiter en cours, avec leurs enseignants, seuls ou en groupe. »
L’argument aussi fallacieux que contestable d’un « renouvellement de l’approche de cette période historique » avancé par la municipalité laisse à penser que la mémoire de la Résistance pourrait supporter d’être réécrite ou même effacée par qui a la prétention d’en instrumentaliser l’usage. Celui de la modernisation d’un accès à l’information sur les canaux numériques interroge également. « Tous est désormais accessible sur Internet » … C’est aussi dans cet espace que l’accès à la connaissance est le plus problématique avec la propagation de contenus peu fiables et des démarches de recherche sans méthode assurée.
« On nous parle de numériser des fonds documentaires. La maire pense-t-elle vraiment qu’on peut numériser les fusils, la porte du wagon d’un train de marchandises dans lequel on entassait les résistants et les Juifs pour les envoyer dans les camps ? » s’indigne Gérard Monier, l’un des membres du conseil scientifique du musée de la Résistance. Il est par ailleurs fils du résistant Robert Monier, déporté au camp de concentration de Bergen-Belsen, qui fut l’un des fondateurs du musée…
La pétition lancée sur le site change.org par le Comité de défense et de développement du Musée de la Résistance en Drôme et de la Déportation a d’ores et déjà recueilli plus de 21000 signatures [ au 29 août – 21558 au moment de publier cet article].
La mémoire de la Résistance à l’occupation nazie et à la collaboration pétainiste de l’Etat Français au cours de la Seconde Guerre Mondiale n’est pas une simple carte postale de notre histoire expédiée d’un passé révolu. Elle est indissociable de la reconquête de la démocratie républicaine avec la Libération à laquelle elle a contribué aux côtés des forces alliées et de la France Libre, inscrite dans la lutte depuis les premiers jours de la guerre. Et, à ce titre, elle requiert des institutions républicaines et de toutes leurs instances un respect sans faille.
Tout ce qui peut porter préjudice à la mémoire de la Résistance porte atteinte aux valeurs qu’elle a défendu, la démocratie, les libertés politiques, les droits de l’homme. En effacer les traces ou en amoindrir la portée, prêter le flanc à l’insinuation révisionniste, toute complaisance opportuniste ne peut qu’encourager les vieux démons d’une bête immonde qui ressurgit aujourd’hui aussi bien en France qu’en Europe et trop d’autres endroits du monde.
La vigilance est de mise. Mais il ne suffit plus d’être spectateur d’une nouvelle descente aux enfers qu’on s’imaginerait toujours pour demain ; il est temps de s’engager pour la Paix, la Liberté, l’égalité et la justice dans une société plus fraternelle et coopérante de laquelle on aura expurgé les violences de l’individualisme et de la concurrence, de tous les ostracismes.
Nous avons reçu les textes du témoignage du fils de Paul Morel et de l’intervention de Véronique Decayeux faite au nom de l’ANACR.
Avec sa permission nous publions aujourd’hui l’hommage du fils à son père et à l’homme qu’il fut :
« Chers Parents, Chers Amis, Mesdames, Messieurs,
Je tiens tout d’abord à remercier chaleureusement Monsieur le Maire de Clermont qui nous accueille dans ce bel hôtel de ville pour cette cérémonie.
Cérémonie du souvenir, réunion familiale… Notre assemblée, à la fois officielle et privée, est sans doute atypique. Mais comment dissocier le père, le résistant, l’élu ? Mon père n’a eu qu’une vie, longue certes, mais unique – dans tous les sens du terme.
Le second dilemme est : comment parler d’un homme qui a longtemps rechigné à parler de lui ?!
Je me suis permis, avec beaucoup de modestie, d’emprunter un effet de style à Georges Perec.
Je me souviens…
Je me souviens des départs en vacances à quatre dans la Dauphine débordant de matériel de camping. A quatre, mon père, mes sœurs et moi, car il n’était pas question pour ma mère de s’écarter du jardin.
Je me souviens ne pas avoir pleuré à l’annonce de ta mort, moins parce que nous nous y attendions que parce que nous nous quittions sans regrets. Il y avait eu beaucoup de silences entre nous, mais l’essentiel avait été dit.
Je me souviens que ton chat occupait une place particulière dans la maison.
Je me souviens de la belote du dimanche en famille où tu n’essayais jamais de gagner. Je me souviens de la chasse aux escargots la semaine précédant la fête du village. Je me souviens d’une histoire de chasse au rhinocéros tellement condensée que seul toi et moi pouvions la comprendre.
Je me souviens que tu connaissais par cœur le tableau périodique des éléments de Mendeleïev.
Je me souviens que tu nous racontais avoir été chauffeur d’un marchand de bestiaux en 1938.
Je me souviens que, titulaire d’un CAP d’électricien, tu es devenu quelques années plus tard, au sein des Charbonnages de France, un spécialiste reconnu de la spectrographie de masse. Et que plutôt que d’expliquer ce qu’est cette discipline, tu me pardonneras de raconter cette anecdote : à la fin des années 70, le hasard de nos activités professionnelles nous fait nous retrouver dès potron minet à la gare du Nord à Paris. Tu pars livrer les résultats d’une expertise à Strasbourg ou Bruxelles. Toi qui travaille en short tout au long de l’année, tu as souscrit au costume-cravate. Nous prenons le temps d’un café, et le temps de nous apercevoir que… tu as gardé tes pantoufles. Heureusement, nous faisons la même pointure…
Je me souviens que tu pouvais nager pendant des heures, et que tu as continué à faire des longueurs de bassin bien après 80 ans.
Je me souviens que la couleur de la peau ou la nationalité de tes interlocuteurs t’étaient indifférentes.
Je me souviens que dans ta vie professionnelle ou familiale, homme et femme étaient les deux faces d’une même pièce. Je me souviens avoir lu des messages de tes collaboratrices et collaborateurs qui louaient ton écoute, ta gentillesse, ta disponibilité.
Je me souviens que ta façon de répondre au téléphone donnait immédiatement envie de raccrocher. Je me souviens que tu étais aussi peu sociable que tu étais serviable, et je ne t’ai connu qu’un seul véritable ami.
Je me souviens que lorsque tu allais au cours du soir du CNAM à Paris, tu n’avais plus de train pour rentrer à la maison, et tu campais dans ton labo.
Je me souviens que notre mère n’aimait pas tes acrobaties aériennes et tu as laissé tomber le pilotage des avions de tourisme.
Je me souviens t’avoir vu convaincre ton interlocuteur qu’il existait bel et bien des tasses avec l’anse à droite, et des tasses avec l’anse à gauche. Je me souviens qu’un jour tu as volé – et caché – un rouleau compresseur lors de travaux au CERCHAR.
Je me souviens qu’après le décès de notre mère, nous sommes retournés en Italie à la rencontre des travailleurs saisonniers que vous souteniez pendant la saison des betteraves, et que tu as plus parlé en quelques heures que pendant les cinq jours du voyage.
Je me souviens que tu étais capable de manger une bourriche d’huitres sans le moindre verre de muscadet. Je me souviens que tu devais avoir 80 ans quand j’ai réussi à te faire goûter un armagnac et un cognac.
Je me souviens qu’on ne parlait pas de sentiments à la maison, mais je me souviens que j’ai eu une enfance choyée.
Je me souviens de ton infinie patience, de la tendresse avec laquelle tu as soigné, entouré, soutenu, accompagné notre mère pendant les longs mois où son esprit l’abandonnait peu à peu.
Je me souviens – en fait non, je ne me souviens pas, je découvre après ta disparition que tu as obtenu au CNAM un certificat de physique nucléaire dans le cours de Lew Kowarski qui fut avec Joliot Curie le père fondateur du nucléaire en France…
Je me souviens que tu as sillonné les routes sur un vélo que l’on qualifierait poliment de « vintage » aujourd’hui. Je me souviens d’avoir traversé avec toi, sac au dos, le Cantal sous une pluie froide, et l’Ardèche sous la canicule.
Je me souviens que jusqu’aux années 80 tu ne parlais jamais de la guerre. Et puis tu as compris qu’il devenait nécessaire de le faire – et tu as écrit le récit mémoriel « avoir 20 ans en 1939 ».
La pandémie qui obscurcit notre monde t’a été fatale – mais il serait vain de se cacher que tu en avais assez de voir tes forces te lâcher. Ce maudit virus nous a également empêché, pour des raisons sanitaires, de réaliser ton vœu d’être enterré avec ton drapeau.
Ce drapeau, nous le remettons aujourd’hui solennellement à l’Association nationale des Anciens combattants et Amis de la résistance. »
Cette remise de drapeau a été suivi de la Marseillaise chantée par la chorale de Clermont.
Nous publierons prochainement l’hommage de l’ANACR et celui de Madame le Maire d’Airion.
Ce samedi 4 septembre la famille de Paul Morel et l’ANACR-Oise rendaient hommage à Paul Morel qui nous avait quitté le 6 janvier 2021 , à un moment où les règles sanitaires empêchaient de réunir…
Paul Morel est mort à 102 ans après une vie bien remplie et toujours tournée vers les autres qui a été évoquée par plusieurs intervenants : après son fils, la maire d’Airion a évoqué le conseiller municipal, le maire, le citoyen… Pour l’ANACR, Véronique Decayeux a montré son rôle dans la Résistance et son implication depuis les années 80 dans le travail de mémoire en particulier pour l’organisation du Concours National de la Résistance et de la Déportation.
Paul Morel a été très longtemps porte-drapeau. Il aurait voulu être enterré avec son drapeau mais cela n’a pas été possible : son fils a remis ce drapeau à Hélène Boulanger, présidente de l’ANACR-Oise qui l’a reçu avec l’émotion qu’on peut imaginer.
La cérémonie s’est déroulée à l’Hôtel de Ville de Clermont, dans la belle salle Fernel, où une exposition de grands portraits consacrés à des hommes et des femmes ayant œuvré pour la Paix formait un cadre en accord avec l’homme que nous évoquions.
Alain Blanchard avait organisé la cérémonie avec le concours de la ville de Clermont et a veillé à son déroulement en présence du maire de Clermont, d’une conseillère départementale, de la maire d’Airion et d’autres élus et de l’Onac, représentée par son directeur ; de nombreux proches et de nombreux membres de l’ANACR étaient présents pour ce très bel hommage. La chorale de Clermont a interprété La Marseillaise et le Chant des Partisans. La famille a réédité en la complétant de nouvelles illustration la plaquette que Paul Morel avait rédigée pour l’ANACR ; cette nouvelle édition et la plaquette de l’ANACR ont été offerts aux participants.
Nous mettrons en ligne dès que possible les différentes interventions qui ont permis d’évoquer le parcours exemplaire de Paul Morel, chevalier de la Légion d’Honneur, ancien maire d’Airion, Ancien Résistant (insigne FFI N°1356), membre de la Royal Air Force Escaping society et membre de l’ANACR-Oise dont il est président d’honneur.
L’association des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance, son comité départemental de l’Oise, ont la tristesse de vous annoncer la disparition de Monsieur Maurice DELAIGUE, le 27 aout 2021, à l’âge de 98 ans.
Originaire de la vallée du Rhône entre Dauphiné et chaîne du Pilat, il s’est engagé jeune dans la Résistance dans son secteur, puis il a été envoyé pour organiser les jeunes dans la Résistance, dans le Languedoc Roussillon jusqu’à la fin de la guerre.
Dans les années 1970, son travail l’a amené en région parisienne, Il s’est ’installé à Coye-La-Forêt en 1973 et il y a vécu jusqu’à son décès.
C’était un amoureux de l’écriture il a écrit une douzaine de livres, dont « Chronique d’un village de l’Oise au 20ème siècle : Coye-La-Forêt ».
Il était membre de l’ANACR de longue date, il a témoigné de sa Résistance. Il participait régulièrement aux réunions et assemblées générales avec enthousiasme et bonne humeur.
L’ANACR Oise présente ses sincères condoléances à ses enfants, petits-enfants, arrières petits- enfants, à tous les membres de sa famille et leur témoigne de ses sentiments de fraternité et de solidarité.